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coup terrible frappé sur la tribu des Hadjoutes, récemment soulevée, le maréchal Clauzel reprit avec beaucoup de vigueur son ancien système, en opposant à Abd-el-Kader et à ses lieutenants des beys indigènes. Ce n’était pas assez il résolut de pousser droit à Mascara.

Aux portes d’Oran s’étend une vaste plaine de douze lieues de diamètre environ, bornée au nord par la mer, à l’est par le petit ruisseau le Tlelat et par une forêt de lentisques entre lesquels des pins sauvages, clair-semés. La montagne des Beni-Amer est au sud, Oran à l’ouest. Au centre de la plaine s’élève un arbre .solitaire, figuier que les Arabes vénèrent et qui long-temps prêta son ombre aux caravanes fatiguées. Ce fut là que l’armée expéditionnaire se rassembla, et ce fut de là qu’elle partit le 26 novembre 1836. Elle comprenait dix mille hommes et comptait dans ses rangs le fils aîné du roi. Le 29, à la lueur des feux allumés par les Arabes sur la cime des monts, elle touchait à la Sig et faisait halte au milieu de souvenirs encore palpitants. La marche fut heureuse, bien que passagèrement troublée par des attaques rapides. Les Arabes ayant deux fois approché de trop près l’armée française, elle leur passa sur le corps. Enfin, la ville se montra. Le maréchal Clauzel avait pris les devants avec la cavalerie, deux régiments d’infanterie légère et quelques obusiers : à neuf heures du soir, l’infanterie arriva. La nuit était sombre un silence morne pesait sur cette cité inconnue. Les soldats entrèrent dans le faubourg : il était désert ; et l’on chemina le long de maisons fermées