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l’histoire ne devrait-elle pas amasser pour ce qu’il faut de pleurs aux querelles où l’on se dispute un trône, et pour tant de nations broyées sous la roue des rois qui viennent ou des rois qui s’en vont, et pour tant de races incessamment sacrifiées à un petit nombre d’hommes, à leurs débats personnels, à leurs caprices, à leurs cruels plaisirs, à leur orgueil qui ne connaît point la pitié ? Après tout, l’émotion passée, il faut que la leçon reste. Et c’est une puissante, une mélancolique démonstration du déclin des monarchies, que la série des tragiques vicissitudes qui ont rempli soixante ans : la prison du Temple et Louis XVI sur un échafaud la mort de Louis XVII, étrange, inexpliquée tous ces fils, frères ou neveux de rois, courant effarés sur les chemins de l’Europe et allant mendier à la porte des républiques les Cosaques venant renverser l’Empire sur des chevaux marqués aux flancs de l’N Impériale ; l’île d’Elbe, Sainte-Hélène le fils de la duchesse de Berri élevé dans l’exil ; le fils de Napoléon enseveli par des mains autrichiennes ; Louis Bonaparte voguant vers l’Amérique sous le poids d’une défaite ; et, au fond d’une contrée lointaine, dans je ne sais quelle église sans nom, le Requiem chanté autour du cercueil de Charles X par des moines étrangers.