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Or, pendant qu’une dynastie née des révolutions et des combats tombait ainsi frappée dans la personne de son plus jeune représentant, le vieux Charles X touchait au tombeau et allait emporter avec lui les débris de cette monarchie capétienne vainement consacrée par la succession des âges.

Accueilli dans le château de Prague, après un séjour douloureux sur le sol anglais, Charles X s’était décidé, vers la fin, à quitter la Bohême. Goritz l’attirait par la salubrité de ses eaux, la douceur de son climat, et aussi par le voisinage du chaud soleil de l’Italie : la famille se mit en route. À travers les vicissitudes de l’exil, atteindrait-on le but désiré ? On raconte qu’en jetant un regard d’adieu sur la Moldau, sur le pont qui la traverse, sur Prague et ses flèches gothiques, le roi fugitif fut pris de mélancolie et dit « Nous quittons ce château sans bien savoir où nous allons, à peu près comme les patriarches, qui ignoraient où ils planteraient leurs tentes. » Il gagna Tœplitz, et il commençait à y gouter quelque repos, lorsqu’il apprit que, dans la maison qu’il occupait, le roi de Prusse était attendu. Il fallut pousser plus loin, et, comme le choléra s’avançait, on dut s’arrêter à Budweiss, dans une petite et misérable auberge. Le duc de Bordeaux y tomba malade, et de ses souffrances, qui furent cruelles, il lui resta long-temps une grande pâleur : car celui qui naquit dans le palais des rois de France avait failli mourir au fond d’une obscure hôtellerie de Bohême, dans le silence et l’abandon. Du château de Kirchberg, où il avait cherché refuge en quittant Budweiss, Charles X fut chassé par la rigueur du climat, que