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Conseil, M. Molé, qui, lors de l’émigration, vint en Suisse réclamer un asile et l’obtint : sans parler de S. M. Louis-Philippe 1er, qui plus d’une fois s’est montrée glorieuse de l’hospitalité que le duc de Chartres avait trouvée en Suisse. » Tout semblait ainsi concourir à précipiter la rupture, et même à la rendre terrible. Les uns faisaient remarquer que le blocus commercial, après tout, ne serait pas moins funeste à la France qu’à la Suisse ; ils prouvaient par d’irréfutables calculs qu’il s’agissait pour le commerce français d’une perte de plus de 40 millions ils montraient les villes de Lyon et de Marseille profondément émues et inquiètes. Les autres, prévoyant la guerre, rappelaient à leurs concitoyens tout un passé d’héroïsme guerrier le Bourguignon fuyant sur la route ensanglantée de Granson, au bruit de la trompe d’Unterwald et des cornets de Lucerne ; le chapeau du rival de Louis XI essayé sur le champ de bataille par un paysan des cantons victorieux ; l’ossuaire de Morat, et cet étang glacé où, dans la personne du Téméraire, la maison de Bourgogne était venue s’engloutir.

En même temps, on se préparait à la résistance par des actes. Une souscription nationale fut ouverte en faveur des citoyens sur qui pesait le manifeste du duc de Montebello. Et, pour qu’il restât bien constaté qu’aux yeux de la Suisse, la nation française n’était pas solidaire des fautes de son gouvernement, on fit circuler dans le canton de Vaud une adresse au peuple français conçue en ces termes :

« Français de juillet, vous allez nous faire la guerre, à nous qui vous sommes unis par six