Page:Blanc - Histoire de dix ans, tome 5.djvu/115

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

inanimé, proie funeste dont ils s’emparèrent et dont ils coururent à Madrid crier les lambeaux.

Telles étaient les nouvelles apportées aux Tuileries. Le roi s’en fit des armes contre M. Thiers. Pouvait-on porter secours à un gouvernement né d’une semblable révolte ? Convenait-il de mettre l’épée de la France monarchique au service des caporaux vainqueurs de Christine ? M. Thiers aurait pu répondre au roi que l’insurrection de la Granja prouvait d’une manière péremptoire combien il était urgent d’extirper la guerre civile en Espagne que c’était par la guerre civile qu’était allumée, entretenue la colère des partis ; que c’était dans la prolongation de ces discordes funestes que les ennemis de Christine puisaient l’audace d’accuser ses intentions et de porter la main sur sa couronne en un mot, qu’abandonner l’Espagne à elle-même, c’était lui creuser un tombeau entre l’anarchie et la guerre. M. Thiers aima mieux convenir que les scènes dont l’Espagne venait d’être le théâtre demandaient ajournement. Il désirait seulement que les auxiliaires réunis à Pau ne franchissent pas les Pyrénées jusqu’à ce que la situation de l’Espagne se fût dessinée plus nettement.

Sur ces entrefaites, on apprit qu’arrivé le 2 août (1836) à Pampelune pour prendre le commandement de la légion étrangère, le général Lebeau avait publié un ordre du jour dans lequel, après s’être dit « honoré par le roi des Français du commandement des légions étrangère et française au service de l’Espagne, » il ajoutait « Je précède de nombreux auxiliaires que la France, dans son