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nistre. Et en effet, dans les ordonnances de primes pour 1832 on voit figurer : la maison Périer frères, pour 900,000 f. ; la maison Delessert, pour 600,000 f. ; la maison Humann, pour 600,000 f. ; la maison Fould, pour 600,000 f. ; la maison Santerre, pour 800,000f. ; la maison Durand, de Marseille, pour un million. » Après avoir ainsi accumulé faits sur faits, accusations sur accusations ; après avoir rappelé que la Tribune ne paraissait à la barre de l’assemblée que sur la dénonciation d’un homme qui avait eu le courage de « vanter publiquement les bienfaits de la clé d’or et les charmes des fonds secrets », M. Marrast avait atteint le terme de sa brûlante plaidoirie : il finit en s’écriant : « Si c’est une guerre contre la Tribune seule, elle est puérile ; si c’est une guerre contre la presse, vous y périrez. »

Malgré la réserve qu’elle s’était commandée, l’assemblée ne put se défendre d’une sourde agitation. Au moment où allait être rendu ce vote qui était un jugement, M. Cavaignac se leva et dit : « La Chambre sait que M. Lionne est traduit devant elle par suite d’une fiction : plus vous élèverez l’amende qui frappera le journal, plus vous diminuerez la peine de la prison, qui ne frapperait que M. Lionne, lequel ne peut être considéré comme le vrai coupable. Voici comment je voterais, et je pense que la Chambre votera ainsi : forte amende, faible prison. » Alors les défenseurs et le prévenu se retirèrent ; six tables furent placées dans l’enceinte circulaire, pour le dépouillement du scrutin ; et, l’appel nominal terminé,