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d’abord, qu’en politique, être jugé par ses ennemis était une chance commune à tous les partis en lutte, ce qui rendait les prétentions de la Chambre naturelles, et ce qui les aurait rendues légitimes si cette Chambre eût véritablement représenté la souveraineté du peuple. Mais une assemblée, fille du monopole, pouvait-elle avoir l’omnipotence d’une assemblée issue du suffrage de tous les citoyens ? Au privilège qui les faisait représentants de 200, 000 électeurs dans une nation de 33, 000, 000 d’hommes, les députés pouvaient-ils joindre le privilége de l’inviolabilité ? Après tout, que reprochait-on à la Tribune ? D’avoir dit que la Chambre laisserait construire des forts autour de Paris, vendue et prostituée qu’elle était ? Mais des fonds n’avaient-ils pas été alloués, l’année précédente, pour le commencement des travaux ? Preuve trop évidente de l’état de vassalité dans lequel la Chambre vivait à l’égard du pouvoir exécutif ! Car enfin, quoi de plus étrange que de voir une assemblée fournir elle-même à une autorité rivale des moyens de dictature, des instruments de tyrannie ? Des législateurs s’entourant de l’appareil des armes, consentant à siéger sous le feu de citadelles bâties à grands frais la chose était nouvelle assurément et digne de remarque 1 Ils n’avaient pas compris de la sorte la liberté des délibérations parlementaires, les auteurs de toutes les constitutions antérieures à l’an viii, eux qui avaient décrit autour de la capitale un cercle qu’il n’était permis à aucun soldat de franchir, eux qui avaient assuré au pouvoir législatif la possession d un territoire sacré où la puissance morale de la loi