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devenir l’unique centre du parti royaliste, et, par dessus tout, les égarements qui l’avaient perdue. Voilà ce qui perçait dans les discours, mais dans les replis de la pensée se cachaient des motifs de mécontentement plus décisifs peut-être : la duchesse de Berri, en courant la carrière des périls, avait trop effacé derrière son audace les autres membres de la famille : c’était son crime.

Au reste, on aurait pu avec raison l’accuser d’avoir manqué à Blaye de courage et d’énergie. Si, comme elle en avait le droit, elle eût opposé aux exigences de ses gardiens une force d’inertie invincible, nul doute que ses ennemis n’eussent été plongés dans le plus honteux embarras. Mais, encore une fois, ce qui la rendait coupable aux yeux des courtisans du roi déchu, c’était la gloire rêvée bien plus que les fautes commises. M. de la Ferronays était parti de Naples pour Prague, espérant adoucir l’âme du vieux roi. Mais Marie-Caroline n’était pas condamnée seulement par les jalousies dont nous venons de dire le secret, elle était condamnée aussi par la politique cauteleuse de l’Autriche, dont elle avait bravé l’ascendant, et qui cherchait à faire du duc de Bordeaux ce qu’elle avait fait du duc de Reichstadt, mort depuis quelques mois : c’est-à-dire une menace perpétuellement suspendue sur la tête du gouvernement français.

Aussi, Marie-Caroline attendait-elle en vain des passe-ports pour l’Allemagne. En même temps ses amis étaient traqués par la police autrichienne, presque comme les chouans l’avaient été dans la Vendée par la police de Louis-Philippe. Le 29 sep-