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craignirent pas de dénoncer l’acte dont leurs ennemis se prévalaient, comme le dénoûment d’une intrigue qui avait commencé par la violence et finissait par le mensonge. N’était-ce pas une chose inouïe dans l’histoire du genre humain que de tenir au secret une princesse pour la faire accoucher dans une sorte d’esclavage ? Pouvait-il y avoir état civil pour un enfant et certitude matérielle de sa naissance, lorsque la mère, plongée arbitrairement dans les fers et privée même de la protection de ses juges, se trouvait dans une situation que les lois désavouaient et qui faisait peser sur elle une invincible tyrannie ? Séparée de ses amis, arrachée à ses conseils, morte au monde, à la loi, à la société, Marie-Caroline avait-elle pu valablement témoigner contre elle-même, et cela au milieu de ses accusateurs, de ses gardiens, des hommes qui avaient juré sa perte ? S’il fallait croire au procès-verbal, pourquoi donc M. de Brissac et Mme d’Hautefort avaient-ils refusé formellement de le signer ? Voilà ce que disaient les plus passionnés parmi les légitimistes. ils allèrent plus loin, et une plainte pour cause de présomption légale de supposition d’enfant fut adressée aux procureurs-généraux près les Cours royales de Paris et de Bordeaux, par le comte et le vicomte de Kergorlay, le baron de Ludre, le comte de Floirac, le baron de Mengin-Fondragon, le vicomte Félix de Conny, MM. de Verneuil, de Mauduit et Battur. Des adhésions nombreuses vinrent bientôt fortifier cette plainte, et, dans une lettre remplie d’indignation, M. Florian de Kergorlay reprocha au président du conseil de s’être