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ment, régnait sans doute sur sa pensée : « Il sera heureux : il désirait tant une fille ! »

Pendant ce temps, les témoins étaient arrivés. Tout étant disposé pour les recevoir, le général Bugeaud en fut prévenu. Mme d’Hautefort se trouvait en ce moment auprès de la princesse, et à l’attitude de cette dame, à l’impatience de ses mouvements, à l’altération de son visage, on voyait assez tout ce qu’avait de douloureux pour elle cette mise en scène d’un drame odieux. Telle était son agitation, que, les témoins tardant à paraître, elle s’avança vers la porte et dit d’une voix impérieuse : « Mais, messieurs, madame vous attend. » Les témoins entrèrent, graves et dominés par une secrète émotion. M. le président Pastoureau fit à la princesse les questions relatées au procès-verbal[1]. Elle y répondit sans hésitation ; et l’on se rendit dans le salon pour dresser l’acte. Cette formalité remplie, M. Deneux fut sommé par le président de dire quelle était la personne qu’il venait d’accoucher. Il y eut un moment de silence. Était-ce la déclaration d’un mariage légitime qu’on allait entendre ? La curiosité se peignait dans tous les regards et l’attente était solennelle. M. Deneux fit la déclaration suivante :

« Je viens d’accoucher madame la duchesse de Berri, ici présente, épouse en légitime mariage

  1. Voir aux documents historiques, n° 4, cet étrange procès-verbal. Il fut rédigé avec plus d’empressement que de soin, et il contient quelques inexactitudes. On y donne à entendre, par exemple, que ce fut dans la chambre de la princesse et en sa présence que M. Deneux fit la fameuse déclaration. Or, cette déclaration fut faite, non dans la chambre à coucher, mais dans le salon ; circonstance dont le parti légitimiste, s’il eût persisté dans ses dénégations, aurait pu aisément exagérer l’importance.