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ce donc ? », s’écrie la princesse avec inquiétude. On la rassure et on la supplie de veiller sur ses souffrances, d’attendre encore… Et la princesse de répondre à ces prières doublement cruelles : « Mais ne croyez-vous pas que ce retard ne soit fatal à mon enfant ? » M. Dubois s’était approché de la chambre à coucher. M. Ménière se plaça aussitôt de façon à empêcher que Marie-Caroline ne l’aperçut. En même temps Mme Hansler lui disait tout bas, mais avec beaucoup de vivacité : « Retirez-vous, Monsieur, retirez-vous donc. » Ce fut pendant cette scène que M. Deneux opéra la délivrance ; et il reçut, immédiatement après, des mains de la princesse, la déclaration qu’il devait faire aux témoins. Marie-Caroline témoigna le désir de voir Mme d’Hautefort, qu’on alla prévenir sur-le-champ ; puis, ayant aperçu M. Bugeaud dans le salon, elle dit à M. Ménière : « Il peut entrer si cela lui plaît. » Le général s’approcha, et elle lui tendit la main : « J’ai appelé dès que j’ai senti la première douleur. J’ai fait ce que j’ai pu et je crois que tout ira bien. » Paroles qui expriment d’une manière poignante l’état de soumission et de contrainte dans lequel avait jusqu’alors vécu cette princesse infortunée ! Alors, et par un mouvement louable de sensibilité, le général lui lut une dépêche ministérielle qu’il avait reçue la veille et dont il savait que la lecture serait douce à son cœur. Elle le remercia avec effusion, et, comme il se retirait : « Général, vous avez deux filles ; eh bien, en voici une troisième. » Déjà elle avait dit à M. Ménière, en parlant du personnage mystérieux qui, dans ce mo-