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N° 7.
RÈGLEMENT DU MUTUELLISME.

Équité, ordre, fraternité ;
Indication, secours et assistance.

Le travail est un trésor le travail, qui en apparence n’est que peines, est au contraire une source intarissable de prospérités et de bonheur. L’homme néanmoins ne peut et ne doit pas toujours travailler ; il lui faut le repos nécessaire à sa santé ; il lui faut une particularité qui puisse le tenir au devoir et aux obligations de son état : il lui faut de la dissipation il lui faut, pour orner sa vie, pour embellir sa carrière, l’amour et la pratique du bien, il lui faut enfin cultiver son art ou profession quelsqu’ils soient, et rendre hommage à l’humanité.

Alors l’abeille est prise en quelque sorte pour patron et modèle, par son travail, par sa douceur, son union et sa force ; elle qui, dans la belle saison, lorsqu’elle sort de sa loge, cherche et recherche les fleurs, les caresse à leur rencontre, voltige autour, en obtient la quintessence et rentre ainsi pour se délasser et grossir le dépôt commun.

L’an mil huit cent vingt-huit, le vingt-neuvième jour du mois de juin, les statuts du mutuellisme ou du devoir des chefs d’ateliers de soieries ont été rédigés en actes d’association pour valoir règlement.

L’association prend le nom de mutuellisme qui signifie faire mutuellement comme l’on voudrait qu’il fût fait à soi-même.

Chaque associé prend le nom de mutuelliste qui signifie qui fait toujours comme il voudrait qu’il fût fait à lui-même.

Le mutuellisme est basé sur l’équité, l’ordre et la fraternité telles sont les qualités que doivent avoir ceux qui le composent. Le but du mutuellisme est indication, secours et assistance ; tels sont les devoirs de chaque membre. En conséquence, le but du mutuellisme est donc entre tous ses fondateurs et ceux qui seront reçus frères : 1° de s’indiquer avec franchise et loyauté, mutuellement et généralement, tout ce qui peut leur être utile et nécessaire, concernant leurs professions ; 2° de se secourir par le prêt d’ustensiles autant que possible, et pécuniairement au moyen de cotisations dans des malheurs arrivés à l’un d’eux ; 3° de s’assister de leur attention, de leur amitié et de leurs conseils, et lors de leurs funérailles et celles de leurs épouses, en se regardant et traitant comme frères jusque-là.

Les nombreux résultats qui font le mérite de l’institution, étant trop multipliés pour être ici détaillés, sont l’objet de discours ou d’entretien, faisant principalement partie des attributions des chefs et indicateurs de petites loges, ainsi que des inspecteurs.

Afin de doter, régulariser et perpétuer le mutuellisme, un secret inviolable envers les intrus quelconques et l’exécution entière de chaque principe ou article, sont reconnus pour ses éléments : aussi les fondateurs et les frères qui seront reçus feront serment en finale réception d’être secrets et fidèles aux articles qui suivent.