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La législation de septembre était en vigueur : on la subissait. La société languissait dans un morne repos, et le pouvoir triomphait, porté par le deuil public.

Au château cependant, la satisfaction n’était pas entière. On y aspirait toujours avec la même impatience aux douceurs du gouvernement personnel, et ce désir devenait naturellement plus vif, toutes les fois que les circonstances faisaient paraître moins impérieuse la nécessité d’un Cabinet fortement constitué. Le surnom de Casimir premier donné à Casimir Périer disait assez combien la dictature ministérielle de cet homme arrogant avait été jugée insolente et combien le roi en avait souffert. Qu’elle fût continuée par MM. de Broglie, Guizot et Thiers, étroitement unis, voilà ce qu’à la Cour on trouvait insupportable. Les courtisans se remirent à l’œuvre.

Rompre les liens que l’amitié avait noués entre le duc de Broglie et M. Guizot, on y parvint plus tard, mais on ne se croyait pas encore en droit d’espérer un aussi notable succès. À cette époque, les deux chefs du parti doctrinaire étaient considérés comme inséparables, si bien que le roi les appelait avec un amer sourire les jumeaux siamois. Ce fut, par conséquent, autour de M. Thiers que se croisèrent les intrigues, et l’on s’attacha laborieusement à lui souffler les plus audacieuses espérances.

M. de Broglie chancelait sous le poids de son impopularité ; il était, de la part du roi, l’objet d’une aversion profonde ; il avait déplu aux diplomates étrangers par sa raideur, et M. de Talleyrand disait de lui avec une affectation d’ironie impertinente, que sa vocation était de n’être pas ministre des affaires