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faîte des grandeurs ; par M. de Broglie, qui, sous la Restauration, s’était fait ouvertement le protecteur de la liberté d’écrire ; par M. Guizot, qui, soit comme publiciste, soit comme professeur, n’avait cessé de proclamer la souveraineté de la raison. Et ces trois hommes venaient gravement affirmer, à la face du monde, qu’au-delà de la monarchie qu’ils voulaient et qu’ils avaient intérêt à vouloir, il n’était plus de progrès possible ; que l’intelligence, ici-bas, s’arrêtait fatalement aux limites tracées par eux ; que l’humanité devait rester emprisonnée jusqu’au bout dans leur formule ; qu’il y avait crime, enfin, à les importuner, ne fut-ce que par un vœu, que par un espoir, dans la jouissance de leur fortune constitutionnelle ! Et ces prétentions, d’une bouffonnerie à peine croyable, elles devenaient lois de l’Etat Et toutes ces choses se passaient au milieu des ruines de cinq ou six gouvernements renversés l’un sur l’autre, parce que tous, ils avaient eu l’insolence de s’écrier : « Je suis inviolable, indiscutable, immortel ! » Qu’ajouter au tableau d’un pareil désordre ? On avait décrété en France l’anarchie des cultes, et l’on y déclarait factieuse la lutte pacifique des systèmes il n’était plus permis de se dire républicain là où il l’était de se dire athée ! Discuter Dieu restait un droit ; discuter le roi devenait un crime !