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rage. Mais nous croyons, nous, qu’il entrait réellement dans sa nature de défier le péril. Peut-être aussi n’était-il pas sans avoir deviné que les hommes chargés de la responsabilité de ses jours enflaient systématiquement ses dangers pour mieux établir leur importance et faire valoir leurs services.

Toujours est-il que chaque jour apportait un nouveau sujet d’alarme. Et comment couper le mal par la racine ? Comment arrêter les coupables par la terreur du châtiment ? Il aurait fallu, pour cela, ne pas étouffer les complots à leur origine, et les laisser se développer jusqu’au flagrant délit. Sur ces entrefaites, M. Thiers apprit que, profitant d’un voyage que le roi devait faire de Neuilly à Paris, des conspirateurs avaient formé le dessein de lancer dans la voiture royale un projectile enflammé. Il prend aussitôt son parti, se rend auprès du roi, et lui demande, pour les faire monter dans la voiture, ses aides-de-camp. À cette proposition inattendue, le roi s’étant récrié, « C’est leur devoir de s’exposer, sire, pour votre personne, répondit M. Thiers et pourront-ils se plaindre quand ils verront le ministre de l’intérieur à côté d’eux ? » Bien que la police eût pris toutes les précautions convenables pour empêcher que la conspiration n’atteignit, en éclatant, son horrible but, l’offre de M. Thiers témoignait d’un incontestable dévoûment. Le roi mit beaucoup de noblesse à la repousser, et déclara qu’il entendait jouer lui-même cette partie. Sa résolution est en vain combattue par M. Thiers, et les préparatifs sont ordonnés. Mais, au moment du départ, la reine et les princesses se présentent tout-à-coup, éplorées, éperdues ; soit qu’une habile in-