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d’elle n’était détourné par une démarche, dont il affirmait l’importance décisive en même temps qu’il en niait le péril.

Mais le roi n’entendait pas jouer son repos et la paix sur les hasards d’une semblable appréciation. Peut-être aussi y avait-il un motif secret à l’opiniâtreté de sa résistance. On a cru que don Carlos lui avait fait mystérieusement donner l’assurance que, s’il consentait à rester neutre, lui, don Carlos, s’engageait à ne prêter aucun appui à la cause de Henri V.

Quoi qu’il en soit de cette conjecture, M. Thiers se vit bientôt réduit à la nécessité de rompre ouvertement avec Louis-Philippe. Pour triompher de la volonté du monarque, il avait essayé de toutes les raisons ; après celles qui se puisaient dans de graves intérêts politiques, il avait invoqué celles qui se rattachaient à des idées d’honneur ; il avait rappelé que l’intervention, après tout, n’était que l’accomplissement d’une promesse sacrée, que l’inévitable exécution du traité de la quadruple alliance, qu’une conséquence forcée de l’amitié politique qui nous unissait aux Anglais… Vains efforts ! Il fallait céder : il parla d’offrir sa démission.

Restait à savoir quelle serait, après un tel éclat, l’attitude des autres membres du Cabinet. Sondé par M. Mignet, M. de Broglie répondit que son opinion sur la nécessité d’intervenir en Espagne, n’était point parfaitement fixée ; qu’il y voyait autant d’inconvénients que d’avantages ; mais — ce furent ses propres expressions, — mais que c’était au plus convaincu à l’emporter, et que, par conséquent, il suivrait M. Thiers. Pour ce qui est de M. Guizot, il