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de la vie privée, il charmait ses ministres par un esprit facile, une bonhomie sans effort, une causerie familière, et le plus gracieux oubli des droits que donne la majesté royale ; mais, dans les affaires importantes, rien de plus absolu que son vouloir. Cette politique, toute composée de ménagements, qu’il avait embrassée, il la soutenait impérieusement. Avec l’ardeur que Napoléon mettait à chercher la gloire, les intimes de Louis-Philippe assurent qu’il l’évitait. M. Thiers disait de lui, fort spirituellement, qu’il était la gravure en creux et que Napoléon était la gravure en relief.

M. Thiers eut donc à soutenir des complots acharnés mais comme, dans le cas particulier dont il s’agissait, la raison, même au point de vue de la dynastie d’Orléans, était évidemment de son côté, il déploya beaucoup de fermeté et de persévérance.

Les considérations qu’il faisait valoir avaient quelque chose de décisif Louis-Philippe n’était-il pas poussé par un intérêt manifeste à exclure du trône d’Espagne ce Don Carlos dont les prétentions étaient liées si intimement à celles de Henri V ? Et si de la question dynastique on passait à la question française, comment mettre en doute l’énorme avantage qu’il y aurait pour la France à consolider son influence en Espagne ? Est-ce que telle n’avait pas été la politique de Louis XIV, continuée par celle de Napoléon ? La France, perpétuellement exposée aux attaques du Nord, pouvait-elle sans courir risque de la vie, laisser au Midi une Puissance dont l’alliance fut incertaine et l’amitié douteuse ? Ce qui faisait la principale force de la Russie,