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l’Autriche de comprimer tyranniquement les agitations de l’Italie, et tendre la main à la révolution espagnole représentée par Christine, tel était le résumé de la politique de M. Thiers.

Ces vues manquaient de justesse en plus d’un point ; car il est évident, par exemple, qu’en Belgique l’alliance de la France et de l’Angleterre ne pouvait être basée sur aucune communauté d’Intérêts. Ces vues manquaient aussi de grandeur ; car même après les prodiges de cette double épopée, la Révolution et l’Empire, la France étant beaucoup moindre en 1830 qu’elle ne l’était au milieu du dix-huitième siècle, pendant que la Russie, l’Autriche, la Prusse, l’Angleterre, se trouvaient avoir pris, depuis cette époque, des accroissements considérables, c’était resserrer dans des bornes bien étroites l’ambition de la France que de la confiner en d’obscures menées diplomatiques ayant pour but l’indépendance de la Belgique déclarée neutre, le triomphe de Christine à Madrid, et, pour les Italiens, la faculté de se mouvoir sans être aussitôt foulés aux pieds par l’Autriche.

Quoi qu’il en soit, cette politique, toute réservée qu’elle était, ne paraissait au roi qu’une politique d’aventurier. Il la jugeait audacieuse, parce qu’elle n’était pas tout-à-fait inerte, et il craignait qu’elle ne nous conduisît aux abîmes, parce qu’elle ne nous conduisait pas au néant.

Aussi la demande d’intervention fit-elle éclater entre Louis-Philippe et M. Thiers les plus orageuses dissidences.

Le roi était doué, comme homme, d’une séduction de manières incomparables ; dans les rapports