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la liberté de ses concitoyens au prix de leur indépendance. Le mal s’aggravait, cependant, de jour en jour, les périls se multipliaient autour du trône de la jeune Isabelle, et il fallait prendre un parti. Il arriva donc que, malgré la résistance de M. Martinez de la Rosa, le Cabinet de Madrid résolut de s’adresser à la France. M. Martinez dut consentir à adresser au ministère français la demande d’intervention : il s’y résigna, mais il déclara en même temps à la reine Christine qu’il déposait son portefeuille et désirait qu’on lui trouvât le plus tôt possible un successeur.

La demande d’intervention embarrassa et troubla Louis-Philippe. Dans l’excès de son ardeur pour la paix, il s’inquiétait du moindre mouvement. Mais, parmi ses ministres, il y en avait un dont la demande d’intervention servait merveilleusement les vues politiques.

Élevé dans les idées de l’Empire et facilement tenté par l’éclat des grandes choses, M. Thiers gémissait en secret du rôle subalterne auquel la France était condamnée par la politique opiniâtrément craintive du château. Recommencer, après 1830, la grandeur impériale, opposer à une plus longue domination des insolents traités de 1815 le veto de la France révolutionnaire, revendiquer la ligne du Rhin, accepter la Belgique qui s’offrait, ou, du moins, provoquer dans un congrès un nouveau règlement des affaires du monde, M. Thiers n’avait cru rien de cela possible. H sentait bien, au fond, que toute partie héroïque jouée en 1830, par son pays faisait tomber la monarchie dans les chances du hasard. Or, il y avait dans l’avénement des idées