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Le procès d’avril fut, pour le parti républicain que la révolution de juillet avait engendré, une défaite éclatante, mais non pas décisive. Quelques-uns exagérant le bien, la plupart se plaisant à outrer le mal, ce parti a été jugé d’une manière aussi fausse que diverse. S’il n’eut pas assez de loisir et de maturité pour pénétrer par l’étude dans les profondeurs de l’ordre social, de manière à en tirer la solution des grands problèmes, il contribua, du moins, puissamment à les soulever. Il sema l’agitation autour de lui, mais non sans entretenir dans la nation de généreuses ardeurs. Il sut ennoblir le désordre par le dévoûment, il ne s’épuisa qu’à force de se prodiguer, et il lutta si bien contre l’abaissement systématique de la France, qu’il fut au moment de la forcer à se tenir debout. Par lui fut ajourné dans ce pays le règne des spéculations sordides, de la bassesse mercantile, le règne du génie carthaginois et il eut cette gloire, qu’il fit horreur à tous les vieux ennemis du nom français. Dans l’affaire du procès d’avril, ses adversaires se montrèrent si petits, et ils employèrent, pour le combattre, des armes tellement déloyales et fragiles, qu’il aurait vaincu sans nul doute, si tous les membres qui le composaient avaient été plus étroitement unis par le lien des convictions et des idées. Mais le parti républicain s’était ouvert, par

    modèle raconta que, le 13 avril, regagnant avec une de ses compagnes sa demeure située près de la fontaine Maubuée, elle avait aperçu son amant, sergent-de-ville, qui travaillait aux barricades. Elle court à lui et témoigne son étonnement. « Retirez-vous, malheureuses, s’écrie le sergent-de-ville furieux, si vous dites un mot de ceci, vous êtes perdues. »

    M. Arago se rendit au lieu désigne, demanda des renseignements et fut pleinement édifié sur l’exactitude du récit. Le nom du sergent-de-ville est Chenedeville.