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native d’inquiétude et d’espérance. A la nuit tombante, toutes les dispositions étaient prises. M. Dornez avait envoyé le produit des souscriptions à répartir entre les détenus ; les voitures destinées à les recueillir, à la sortie de la prison, commençaient à filer le long de Sainte-Pélagie. M. Armand Barbès s’acheminait, donnant le bras à la femme d’un détenu, vers la maison Vatrin, où il importait de prendre position, sous un prétexte quelconque ; enfin MM. Étienne Arago, Klein et Fulgence Girard se trouvaient installés dans un appartement situé en face de la chambre de M. Guinard, auquel ils devaient apprendre, par des signes convenus, si les rues voisines étaient sures et les patrouilles absentes. De son côté, pour indiquer aux auxiliaires du complot que tout allait bien à l’intérieur, M. Guinard devait se promener devant une lampe, puis l’élever en l’air, quand il aurait lui-même à descendre dans le caveau !

Huit heures sonnèrent à l’horloge de la prison. Aussitôt les meneurs vont à ceux de leurs camarades qui ne sont pas dans le secret, disant à chacun : « veux-tu être libre ? Voici de l’argent. Au caveau ! » Quelques-uns, par des motifs que nous exposerons plus bas, repoussèrent l’offre. La plupart l’accueillirent avec une joie pleine de stupeur. Et tandis qu’ils se hâtaient, un à un, vers le rendez-vous mystérieux, un petit groupe, pour donner le change aux gardiens, se formait à l’entrée de la chambre de M. Armand Marrast, devant laquelle il était d’usage que les prisonniers vinssent en masse, chaque soir, écouter la lecture du Messager.