Page:Blanc - Histoire de dix ans, tome 4.djvu/448

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

reur, comment son fils avait été percé de soixante-douze coups de baïonnettes et attaqué jusque dans la mort. Les flots de sang innocent versés dans le faubourg de Vaise eurent aussi leur place dans l’affreux tableau. Et autant les témoignages accusateurs étaient accablants et précis, autant les dépositions qu’on leur opposa furent vagues et peu concluantes. Dans les réponses de M. Aymard, on remarqua une ignorance à peine croyable des faits le mieux établis ; et à l’indécision des souvenirs du général, à l’étonnement où certaines questions le plongèrent, à la chaleur honorable et sincère avec laquelle il déclara impossibles des abominations malheureusement trop prouvées, chacun put juger qu’une autre main que la sienne avait dirigé les événements ! La déposition que la Cour des pairs accueillit avec le plus de faveur fut celle du colonel de Perron, affirmant que le soldat avait déployé beaucoup de modération et de générosité. Dans quelques quartiers, en effet, il en avait été ainsi ; mais le colonel de Perron n’avait pas tout vu sans doute ! Pourquoi, d’ailleurs, l’autorité ne s’était-elle pas empressée d’ordonner une enquête sur les massacres de Vaise ? D’une série de vives attaques dirigées par M. Jules Favre contre M. Chégaray, il résulta que le ministère public, à Lyon, n’avait rien fait pour se mettre sur la trace des meurtriers, et qu’il était resté confiné dans une impassibilité volontaire, alors que de toutes parts s’élevait autour de lui la voix publique criant vengeance ! M. Pasquier osa dire, à ce sujet, que les assassinats dénoncés n’étaient, après tout, s’ils avaient été commis, quelles conséquences de la