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M. Reynaud, à un mois d’emprisonnement et à 500 fr. d’amende ; enfin, MM. Gervais (de Caen), Jules Bernard, David de Thiais, Audry de Puyraveau, à un mois d’emprisonnement et à 200 fr. d’amende. En éludant la solidarité de la lettre, le congrès des défenseurs avait réduit aux proportions d’un incident terminé par un arrêt une lutte qu’on pouvait rendre formidable ; il s’était rapetissé à plaisir ; il s’était manqué à lui-même.

Aussi la pairie rentra-t-elle dans le procès principal avec une résolution qu’elle ne s’était point connue jusqu’alors. On profita de la présence de ceux des accusés lyonnais qui acceptaient les débats, et les témoins furent entendus. Mais quelle source nouvelle d’émotions ! L’un accusait le gouvernement d’avoir sciemment appelé sur Lyon la guerre civile ; un autre montrait la police excitant, de son souffle impur, les passions incandescentes, et créant des coupables pour avoir des victimes ; un troisième représentait l’insurrection promenant pendant plusieurs jours ses ravages dans une cité où elle devait être étouffée en quelques heures, et tous de se demander pourquoi il avait fallu opposer à une poignée d’hommes mal armés et à leurs mobiles remparts, des bataillons nombreux, des canons, des obus, la mitraillade, l’incendie ! Les provocations des Mercet, des Picot, des Corteys, et leurs lâches artifices furent dénoncés avec une rare vigueur par M. Carrier, qui, après avoir refusé les débats, s’était insensiblement laissé aller à la tentation de dévoiler les traîtres. Un père vint raconter, avec des accents qui firent courir dans l’assemblée un frison d’hor-