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nir, de la part du général, et surtout de la part de l’aide-de-camp, des reproches d’une extrême vivacité. Il s’en émut faiblement, et regagna Paris en toute hâte, impatient de réaliser son projet. Il avait bien vu, dès son entrée à Blaye, que faire évader la duchesse de Berri, soit par force, soit par artifice, était absolument impossible à moins que Louis-Philippe ne consentit lui-même à y prêter les mains secrètement. Son premier soin, à Paris, fut donc d’écrire au roi qu’il rapportait de Blaye la pensée de la princesse et qu’il sollicitait une audience. Il l’obtint aussitôt et fut reçu aux Tuileries dans le cabinet du baron Fain. Mais, sur le point de voir M. de Choulot face à face, le roi avait subitement changé de résolution. Soit embarras, soit frayeur, il n’osait paraître au rendez-vous assigné. M. de Choulot attendit long-temps avec une visible impatience. Pressé par lui, le baron Fain sort pour aller prévenir le monarque, et revient proposer à M. de Choulot de l’introduire auprès de la reine. Celui-ci refuse, et, sur de nouvelles instances, Louis-Philippe se décide enfin à affronter une entrevue qui aurait dû être pour lui si pleine d’émotions. M. de Choulot commença sur un ton respectueux et calme mais s’animant peu à peu, il déclara au roi que l’homme qu’il voyait devant lui était lié à la branche aînée par des sentiments indestructibles d’amour et de fidélité. « C’est là, répondit le roi, un langage que peut entendre un monarque citoyen. » M. de Choulot tenait entre ses mains, en parlant, des cannes qu’il avait coutume de porter pour se soutenir, de-