au milieu d’agitations sans exemple. Aussi s’était-il confiné d’abord dans des études paisibles, auxquelles il dut de devenir le créateur de la science administrative, le flambeau du Conseil d’état. Et tout semblait révéler en lui l’homme né pour vivre dans le silence du Cabinet, tout, jusqu’à ses habitudes et ses scrupules littéraires. Jamais, en effet écrivain ne peigna sa phrase avec plus de complaisance, et son style était d’une admirable coquetterie. Mais il se trouva que dans cet homme si dépourvu d’assurance, dans cet orateur sans aplomb, dans ce logicien solitaire, dans ce légiste, dans ce littérateur si soigneux de ses œuvres, la nature avait mis un pamphlétaire, un pamphlétaire aussi violent que Juvénal et aussi âpre que Milton. Qu’il y ait dans les monarchies un penchant funeste à absorber la fortune publique, c’est là leur moindre tort ; elles abaissent les caractères, et voilà ce dont il convient, avant tout, de leur faire un crime ; car il ne suffit pas d’inspirer aux nations des haines fortes et même légitimes, il faut aussi leur inspirer des haines élevées et ennoblir leurs passions en les excitant. M. de Cormenin s’y appliqua quelquefois dans ses pamphlets, mais pas assez souvent, peut-être. Car, c’était, surtout, à la cupidité de la Cour qu’il avait coutume de s’attaquer, trop sûr que, dans un siècle corrompu, les questions d’argent ont une importance décisive. Alors, il donnait la vie aux chiffres l’éloquence aux calculs, grave et impétueux, amer et entraînant tour-à-tour. Et tantôt il accablait ses adversaires de sa logique, tantôt il les perçait de ses railleries, flèches inévitables. Habile à souffler sur
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