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M. de Cormenin ; double conclusion que M. Sauzet reçut mission de motiver dans un rapport, où il sut marier aux inspirations de la colère tout ce que peut fournir de sophismes une analyse étroite et subtile de textes mal compris.

Pas plus que M. de Cormenin, M. Audry de Puyraveau n’avait signé. Et pourtant, l’attitude de l’un avait différé de celle de l’autre. Ce fut, dans l’intérieur du parti républicain, le sujet de commentaires où l’emportement domina. On n’eut que des éloges pour la conduite de M. Audry de Puyraveau, et l’on reprocha, au contraire, à M. de Cormenin d’avoir manqué d’énergie. On aurait pu lui reprocher avec plus de justice d’avoir commis une faute politique. Car, de tous les genres de courage, le plus réel et le plus rare est celui qu’on déploie contre son propre parti.

Au reste, à en juger par les apparences, à contempler cet homme au visage empreint d’une réserve légèrement ironique, aux allures pleines de modestie, au geste lent, à la démarche fatiguée, au sourire pensif et doux, qui n’eût été tenté de croire à M. de Cormenin plus de circonspection que d’audace ? Dans sa conversation, d’un charme inexprimable, mais tissue de phrases inachevées, il hésitait sans cesse, et la présence d’une assemblée donnait quelque chose d’enrayé à son regard, dont une douceur pénétrante noyait à demi l’étincelle. Nous l’avons vu à la tribune : ses mains tremblaient sur le marbre, sa voix s’éteignait dans l’espace en phrases indécises, et chaque mouvement de son corps trahissait son trouble. Qu’on juge de ce que devait être son attitude