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fatiguée, celle de M. Baune, au contraire, grave, sonore et dominante. Nous ne saurions figurer cette scène qu’en plaçant en regard le réquisitoire du procureur général et la protestation lue par M. Baune :

M. BAUNE.
M. MARTIN (du Nord).

La presque unanimité des accusés de Lyon, de Paris, Saint-Etienne, Arbois, Lunéville, Marseille, Epinal, Grenoble, soussignés.

Après les faits graves qui ont eu lieu aux deux premières audiences, croient qu’il est de leur dignité comme de leur devoir d’adresser à la Cour des pairs la déclaration suivante :

La cour a, par son arrêt, violé le droit de la libre défense. » (Au banc des accusés : Oui ! oui ! )

Cour souveraine armée d’un pouvoir exhorbitant, jugeant sans contrôle, procédant sans loi, elle enlève la garantie la plus sainte des accusés qui sont ses ennemis politiques, qu’elle retient depuis quatorze mois dans les prisons, et qu’elle force à venir défendre devant elle leur honneur et leur vie.

Hier elle a été plus loin encore, et contrairement à tous les usages des cours criminelles où la parole n’est interdite qu’après la clôture des débats, elle a prononcé un arrêt contre l’accusé Cavaignac, sans permettre à personne ni à lui-même de dire un seul mot pour sa défense.

Enfin, M. le président a vou-

« Le procureur-général du roi près la Cour des pairs,

Vu l’arrêt en date du 6 de ce mois, qui décide que les mesures nécessaires pour assurer à la justice son libre cours seront prises dans le cas de nouveaux désordres commis par des accusés. (Vives clameurs aux bancs des accusés. Elles vont toujours croissant jusqu’à la fin de ce réquisitoire. Parfois la voix des accusés domine, et nous reproduisons les principales interpellations. )

Attendu, en fait, qu’au lieu d’obéir à nos avertissements, certains accusés, par les manifestations violentes auxquelles ils se livrent et par un tumulte qui parait le résultat d’un système concerté entre eux à l’avance, s’efforcent de rendre impossible le cours régulier du procès ; que l’impossibilité de continuer les débats en présence des accusés est par cela même démontrée. (Plusieurs voix : Prenez de suite nos têtes ! )

Attendu que s’il pouvait dépendre des accusés d’entraver, par des moyens quelconques, la marche d’une affaire, la puissance publique leur appartiendrait, et que l’anarchie