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positions formelles du code d’instruction criminelle, et aux notions les plus élémentaires de l’équité, que des hommes qui avaient instruit l’affaire et signé l’acte d’accusation vinssent siéger comme juges. Mais il importait, sur toute chose, aux prévenus que le débat ne s’engageât point. Ils se mirent donc à étouffer la discussion commencée, et il fallut les faire descendre dans les salles d’attente, pendant que la Cour rédigeait l’arrêt par lequel les conclusions de M. Crivelli étaient repoussées. Les accusés ne tardèrent pas à être ramenés ; et, l’arrêt prononcé, M. Cauchy, secrétaire-archiviste, commença la lecture de l’acte d’accusation. Aucune parole humaine ne peut rendre la physionomie que présenta, dans cet instant, l’assemblée. Ainsi que la veille, tous les accusés se sont levés en masse, et tous ils crient : nos défenseurs ! nos défenseurs ! Le colonel de la garde municipale, M. Feisthamel, donne des ordres menaçants. Le président fait de vains efforts pour cacher son émotion. Les officiers du parquet lui adressent, de leurs sièges, des exhortations qui se perdent dans le tumulte. Parmi les pairs, ceux-ci, debout, mêlent leurs voix aux clameurs des prévenus, ceux-là se rejettent dans leurs fauteuils comme saisis d’épouvante. Les sténographes ont cessé d’écrire et, du haut des tribunes, les spectateurs suivent, d’un regard inquiet et le corps penché, la marche de ce drame étonnant. Tout-à-coup, le procureur général se lève pour lire un réquisitoire mais M. Baune se lève, de son côté, au nom des prévenus, pour lire une protestation. Les deux voix montent ensemble, celle de M. Martin (du Nord) aigre et