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Peu de temps après, une dépêche télégraphique mandait M. Ménière à Paris. Là, ce médecin fut appelé dans la salle du conseil, et il rendit compte devant les ministres assemblés de tout ce qu’il savait sur l’état des choses à Blaye. D’après ces renseignements, il fut décidé d’une manière définitive qu’on ferait accoucher la princesse dans sa prison. Le roi désira ensuite entretenir M. Ménière en particulier. Il se montra péniblement affecté de la rigueur déployée contre une nièce de sa femme, et se représenta comme la victime des nécessités du régime constitutionnel. Puis, prévoyant sur quels points pouvaient rouler les conversations de la princesse et de M. Ménière, il indiqua longuement à celui-ci le langage qu’il aurait à tenir, et se complut à lui tracer son rôle.

Marie-Caroline n’avait plus d’autre chance de salut qu’une évasion habilement préparée. L’idée en vint à quelques-uns de ses partisans, et M. de Choulot fut désigné, à son insu, comme le chef de la conspiration. Il s’était rendu digne de ce pé-

    dicté les propositions que vous m’avez soumises. A la première lecture, je m’étais décidée à répondre négativement. En y réfléchissant, je n’ai point changé d’idée. Je ne ferai décidément aucune demande au gouvernement. S’il croit devoir mettre des conditions à ma liberté, si nécessaire à ma santé, tout-à-fait détruite, qu’il me les fasse connaître par écrit. Si elles sont compatibles avec ma dignité, je jugerai si je puis les accepter. En toute occurrence, je ne puis oublier, général, que vous avez en toute occasion su allier le respect et les égards dus à l’infortune aux devoirs qui vous étaient imposés. J’aime à vous en témoigner ma reconnaissance. »

    Marie-Caroline » ______

    Quelques jours après, la duchesse de Berri ayant communiqué cette lettre à M. Deneux, et celui-ci en témoignant sa surprise, la princesse lui dit : « Il faut savoir caresser le lion pour n’en être pas griffé. »