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réservé ? Non. La nation n’avait donc pas donné sa signature. Dire que les États-Unis, en échange des 25 millions qu’ils nous demandaient, ne refuseraient pas de nous payer 1 million 500 mille francs, c’était vraiment se moquer. La réduction de droits promise à nos vins constituait un avantage réel ; mais pourquoi ne rappelait-on pas, à ce sujet, le traité par lequel la France avait cédé en 1803 la Louisiane aux États-Unis, et les stipulations consenties en notre faveur par l’article 8, et leur violation ! Car, enfin, l’Amérique était notre débitrice, loin d’être notre créancière. Et en effet, sur la somme de 260 millions à laquelle la Louisiane fut estimée, 80 millions seulement nous avaient été payés par les États-Unis, de sorte que les avantages stipulés pour la France, et dont elle s’était vue indignement frustrée, représentaient une somme de 180 millions ; il nous était loisible d’en réclamer, à notre tour, le remboursement. La guerre ! on ne devait pas la désirer ; mais il n’était pas dans les habitudes du peuple français de la craindre, et c’est par la lâcheté qu’on l’attire. Le marché américain ! Un peuple aussi intelligent en affaires que celui des États-Unis n’aurait garde de repousser nos produits, sachant bien que par là il avilirait les siens. L’émeute ! Si, pour la déchaîner dans nos villes, l’étranger n’avait qu’à nous infliger l’humiliation de ses exigences injustes ou de ses menaces, nous serions le plus misérable et le dernier des peuples.

Tels furent, en substance, les arguments présentés de part et d’autre, soit dans la presse, soit dans la Chambre des députés, où la discussion s’ouvrit le