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dans leur tendance à purger l’Océan de la tyrannie du pavillon de Saint-Georges ? Ne résumaient-ils pas la grande croisade que Napoléon avait entreprise pour reconquérir, au profit des nations civilisées, la liberté des mers ? Et qu’étaient, après tout, ces pertes que les spéculateurs américains prétendaient avoir éprouvées, à côté des bénéfices énormes puisés dans une audacieuse violation des traités ? Si l’Empire n’avait pas refusé d’admettre en principe la créance américaine, c’est qu’on était en 1814 ; c’est que l’Empire, accablé, ne voulait pas multiplier le nombre de ses ennemis ; c’est qu’enfin l’Amérique avait ce titre à la reconnaissance de Napoléon, qu’elle pesait alors sur l’Angleterre. Et quant à la Restauration, invinciblement retranchée dans ses fins de non-recevoir, n’avait-elle pas bien prouvé le cas qu’elle faisait des réclamations des États-Unis ? Sans doute il était du devoir et de l’honneur d’un peuple de remplir ses engagements ; mais le soin de sa dignité lui commandait impérieusement de ne pas payer ce qu’il ne devait pas, surtout lorsque, pour l’y contraindre, on lui montrait la pointe d’une épée. Et il n’était pas vrai que le congrès eût désavoué les insolentes paroles du président des États-Unis : le congrès s’était borné à ajourner l’expression de ses sentiments, dans l’espoir que le roi des Français l’emporterait sur la Chambre française. On osait citer le traité de 1831 comme ayant engagé la nation d’une manière irrévocable ? 2 Comme si ce traité lui-même n’était pas une atteinte cynique portée au principe fondamental du régime constitutionnel ! Le droit du parlement avait-il été