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exigeait, c’était une constatation publique, appuyée sur des témoignages officiels, telle enfin que toute controverse devînt impossible. Or, cette constatation, la duchesse de Berri éprouvait à la permettre une répugnance invincible, d’abord par pudeur, ensuite parce que, déjà trompée, elle ne croyait pas qu’on lui accordât la liberté pour prix du sacrifice qu’on osait lui demander.

Voici quel fut, à ce sujet, le plan soumis au général Bugeaudpar M. Deneux : un certain nombre de personnes notables de Blaye et de Bordeaux auraient été désignées par le gouvernement pour recevoir, de la part de médecins accoucheurs choisis en nombre égal par le gouvernement et la princesse, une déclaration constatant la grossesse. L’acte dressé, la princesse se serait embarquée en présence des mêmes personnes, et l’acte n’aurait été envoyé à Paris que lorsque le bâtiment se serait trouvé loin des parages de Blaye. Ce plan portait l’empreinte d’une défiance dont les ministres n’avaient que trop mérité l’injure. Le général Bugeaud parut néanmoins disposé à l’adopter ; il répondit à M. Deneux qu’il allait rédiger des propositions qui seraient mises sous les yeux de la duchesse de Berri et des ministres. Et il ajouta que si, les conditions une fois acceptées, le gouvernement s’avisait de manquer à sa parole, il s’emparerait, lui Bugeaud, de la corvette la Capricieuse, et conduirait Madame en Sicile de sa pleine autorité.

Si la duchesse de Berri avait pu croire un instant à la sincérité des promesses de ses ennemis, elle aurait cédé peut-être ; mais elle était convaincue que