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consentit à négocier, sauf à ne pas plier sous d’injustes exigences. Mais l’affaire ne tarda pas à être ébruitée ; la presse opposante y chercha une occasion d’attaque et de scandale. Déjà fort excitée par les débats qu’avait soulevés la créance américaine, l’opinion prit feu ; et M. Isambert annonça qu’il interpellerait les ministres.

La menace s’adressait particulièrement à M. de Rigny, ministre des affaires étrangères. Or, M. de Rigny n’était guère qu’un élégant introducteur de la diplomatie. Il figurait beaucoup mieux dans un salon qu’à la tribune. Et la question sur laquelle des explications allaient être demandées était assez difficile à éclaircir. L’appui de M. Thiers, dont on connaissait le talent flexible, fut donc invoqué. Les éléments de l’affaire lui furent soumis par M. Desages, homme instruit, appliqué, versé depuis long-temps dans la connaissance des choses diplomatiques, et qui avait, au ministère des relations extérieures, le gouvernement des bureaux. M. Thiers n’eut garde de s’abstenir. Le portefeuille des affaires étrangères le tentait, sans qu’il eût encore osé se l’avouer à lui-même ; et le roi, qui avait des vues que nous exposerons plus loin, le roi se plaisait à lui dire : « Au moins vous savez, vous, votre carte de géographie. » Le fait est que, dans la discussion provoquée par les interpellations de M. Isambert, M. Thiers occupa la tribune avec beaucoup d’éclat, et soutint contre MM. Isambert et Odilon-Barrot une lutte où M. de Rigny ne parut que dans un rôle secondaire et une attitude embarrassée. Les débats n’amenèrent aucune décision.