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médecin, M. Berrier-Fontaine, court au commissaire Lenoir : « Monsieur, voulez-vous donc vous rendre responsable d’un assassinat ? Landolphe n’est pas en état de supporter le transfert. Moi, médecin, je vous le déclare. » M. Landolphe n’en fut pas moins transféré, et M. Berrier-Fontaine eut le même sort, pour avoir voulu protéger son malade.

Il était impossible que de pareilles scènes demeurassent ensevelies dans l’ombre des prisons. Livrées à la publicité, dans toute l’horreur de leurs détails, elles ajoutaient à la fermentation des esprits, donnaient lieu à des commentaires enflammés, quelquefois à des exagérations systématiques ; et tous les partis apprenaient ainsi à devenir implacables. Il n’y a donc pas lieu de s’étonner qu’à cette époque le langage de la presse républicaine se soit emporté jusqu’à l’invective.

Un coup d’état avait, après les événements d’avril, supprimé le journal la Tribune, et le National avait été en butte, depuis, à des persécutions sans nombre. Quatre de ses gérants, parmi lesquels Armand Carrel, s’étaient vus successivement frappés dans leur liberté. Et cependant, loin de faiblir, le National prenait une attitude plus menaçante de jour en jour. Le 10 décembre (1834) il publiait, au sujet de la compétence de la Cour des pairs, l’article suivant :

« Il y aurait un beau chapitre à faire sur les raisons qui devaient déterminer l’incompétence de la Chambre des pairs à l’égard des prévenus d’avril. Ces raisons seraient tirées surtout du ressentiment présumé que doit nourrir contre l’opinion à