Page:Blanc - Histoire de dix ans, tome 4.djvu/350

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

nistère par une intrigue. Pressé, il cède. Le duc d’Orléans l’attendait avec impatience. Il lui demande s’il ne consentirait pas à se charger de la formation d’un ministère, et, sur sa réponse négative, s’il n’aurait pas, dans tous les cas, pour agréable de voir le roi. M. Thiers commençait à s’expliquer sur les inconvénients d’une pareille entrevue dans de pareilles circonstances, lorsque le duc d’Orléans l’interrompit en lui montrant du doigt une porte qui s’ouvrait. Le roi parut. Il avait le sourire sur les lèvres, et s’avançant d’un air dégagé vers M. Thiers : « Eh bien ! lui dit-il, me voilà battu, mais avec de bien méchants soldats, il faut en convenir. Oh ! quels hommes ! »

Et en effet, les nouveaux ministres venaient de lâcher pied devant la risée publique ; les uns par crainte du ridicule et par conviction de leur impuissance ; les autres, et M. Passy à leur tête, par dégoût des honneurs serviles auxquels on prétendait les condamner.

Invité à reprendre son portefeuille, M. Thiers ne voulut consentir à rien sans s’être entendu avec M. Guizot. Le maréchal Gérard, désirant rester en dehors des affaires, on n’avait pas eu à remettre sur le tapis la question de l’amnistie. Quant à M. de Broglie, l’imposer au roi eut été bien dur. Le dévoûment du maréchal Mortier trancha toutes les difficultés. Homme de cœur, mais d’une Incapacité parlementaire sur laquelle il ne se faisait pas illusion, il accepta la présidence du Conseil, qu’on lui offrait comme rôle de parade. Il fut un moment question d’éliminer M. Persil, qui avait, aux yeux