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modifiait les formes et le mode de l’amnistie accordée, de manière à ce qu’elle ne passât plus pour l’œuvre exclusive du maréchal et ne pût devenir pour lui une matière à triomphes. Pour atteindre ce double but, M. Thiers avait imaginé 1° de faire entrer M. de Broglie dans le Cabinet ; 2° de faire émaner de la Chambre, au lieu de la faire émaner du roi, l’amnistie tant désirée.

Ce n’est pas que la présence du duc de Broglie dans le Conseil n’inspirât à M. Thiers une secrète inquiétude ; mais il y voyait, et un défi à l’opinion et une force contre le roi. M. Guizot et lui s’accordèrent donc pour faire tenir au maréchal Gérard, qui était alors à la campagne, une note portant en substance :

« L’amnistie sera accordée par une loi. — La composition du ministère sera celle-ci : le maréchal Gérard, à la guerre ; M. Guizot, à l’instruction publique ; M. Thiers, à l’intérieur ; M. de Rigny, à la marine ; M. Humann, aux finances ; M. Persil, à la justice ; M. Duchâtel, au commerce. — M. de Broglie consent à être présidé par le maréchal Gérard. Le roi éprouve pour M. de Broglie la plus grande répugnance : on la fera céder. »

Le maréchal Gérard refusa de se prêter à une combinaison dont il devinait bien le sens caché ; mais elle allait se heurter à un obstacle bien plus sérieux encore. Lorsqu’on en vint à exposer au roi le plan convenu, son mécontentement fit explosion. L’amnistie et M. de Broglie, c’était trop de moitié. MM. Guizot et Thiers insistent ; le mot démission est prononcé. Alors, d’une voix dont il ne savait pas