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loisible, il est vrai, de laisser la prisonnière accoucher à Blaye ; ils auraient pris les mesures convenables pour que l’accouchement fût bien constaté, et c’était un moyen de fermer la bouche aux incrédules ou à ceux qui affectaient de l’être. Mais que de chances à courir en prenant ce parti ! Sans parler de ce qu’il y avait d’ignoble à entourer d’espions une femme captive, et à faire surprendre par des gens de police le moment où elle deviendrait mère, qui pouvait répondre qu’elle ne parvînt pas à déjouer, quand l’heure fatale serait venue, la surveillance de ses gardiens ? Qu’arriverait-il, d’ailleurs, si elle mourait en couches, ou si elle succombait aux tortures morales résultant pour elle d’une investigation pleine d’insulte ? Le pouvoir permettrait-il qu’on préparât contre lui une accusation d’assassinat ? Ces craintes, de la part des ministres, étaient d’autant plus naturelles, que, depuis quelque temps, la santé de la prisonnière s’altérait d’une manière visible. Dès 1er le mars, un rapport avait été rédigé à Blaye par cinq médecins, et l’on y disait[1] :

« il importera de procurer à madame la duchesse de Berri la faculté de se rapprocher le plus tôt possible de son pays natal, dont la température paraît devoir être plus favorable à sa santé ; et si cette décision salutaire était prise, il serait à désirer qu’elle fût exécutée avant le terme de la grossesse présumée, dans la crainte qu’après l’accouchement, les symptômes de l’affection pulmonaire ne fissent des progrès trop rapides pour permettre un voyage quelconque. Ce conseil doit

  1. Voir aux documents historiques, n° 3.