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bre, au sein de la majorité, une petite ligue de prétendants, connue sous le nom de tiers-parti, et qu’on aurait mieux fait de nommer parti de l’intrigue. Ennemi de la gauche par ses idées, et des ministres par son ambition, le tiers-parti s’usait à faire sournoisement la guerre aux portefeuilles. Il poussa le maréchal Gérard à tenir bon, convaincu que diviser le Cabinet c’était le dissoudre.

L’allure des journaux fut en général plus franche ; et le maréchal Gérard, soutenu par la presse, compta au nombre de ses partisans les plus résolus le Constitutionnel, feuille qui exprimait les sentiments d’une portion notable de la bourgeoisie. Directeur du Constitutionnel, M. de Saint-Albin y publia, sur la mesure en discussion, une lettre vive, chaleureuse, qu’il signa, et qui tranchait avec le ton ordinaire, de la polémique. Il cita ces belles paroles d’un empereur romain : « Je ne voudrais pas qu’on me crût tant d’ennemis. » Il rappela en quels termes le Vieux Conrdelier avait protesté contre le Vœ Victis révolutionnaire ; et il évoquait, pour la bénir, la mémoire de Camille Desmoulins, s’écriant à deux pas de l’échafaud, et au risque d’y monter pour avoir voulu l’abattre : « Instituons un comité « de clémence. »

Cependant, le maréchal Gérard se lassait et s’indignait d’une résistance à laquelle il ne s’était pas attendu. À bout de patience il fit rédiger sous ses yeux, par M. Linguet, une note ayant pour but t d’amener le Conseil à se prononcer. Les avantages de l’amnistie étaient développés dans cette note avec un sens profond, et le maréchal Gérard y ouvrait