l’occupation de l’Afrique répondait à tous ses instincts de nationalité, elle caressait ce qu’il y avait en lui du vieil orgueil impérial ; mais, sur les avantages d’un gouvernement civil, son esprit flottait indécis. L’affaire est portée au Conseil. Le maréchal Soult croit voir l’armée insultée en sa personne ; il résiste, et s’apercevant que sa résistance ne triomphera pas, il la lait porter sur le choix du gouverneur.
MM. Thiers et Guizot avaient jeté les yeux sur M. Decazes, qui leur était recommandé par son importance politique, par son expérience dans le maniement des hommes, par les services qu’il avait rendus, sous la Restauration, à l’opposition des quinze ans, et aussi par ses embarras de fortune. Mais M. Decazes avait pour ennemi déclaré, dans la Chambre des pairs, M. de Sémonville, familier du maréchal Soult, qu’il dominait. M. de Sémonville détourna de M. Decazes, pour le diriger sur le duc de Bassano, le choix du ministre de la guerre. Qu’on juge de la surprise de MM. Thiers et Guizot lorsque le duc de Bassano leur fut proposé ! Aucune antipathie personnelle ne les éloignait de ce personnage, mais sa capacité leur était plus que suspecte. Le maréchal insistant pour le duc de Bassano, ils insistèrent plus que jamais pour M. Decazes et le Conseil resta ouvertement divisé.
Le roi, qui ne voyait pas jour à faire tourner au profit de son gouvernement personnel un débat ou le maréchal Soult était d’un côté, MM. Guizot et Thiers de l’autre, le roi, pour amortir la querelle, imagina de faire un voyage au château d’Eu, sa retraite