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risquât une telle partie. « Eh bien, dit M. Martinez de la Rosa, que l’Angleterre au moins nous fournisse de l’argent ; car nos caisses sont vides. — Cela même, répondit l’ambassadeur anglais, mon gouvernement le voudrait en vain. » Blessé, M. Martinez de la Rosa déclare alors que l’Espagne interviendra seule, mais quand elle voudra et comme elle voudra. La situation était pressante l’ordre de franchir la frontière fut expédié à Rodil, et le marquis de Miraflores eut mission d’en instruire le cabinet de Saint-James.

Les Anglais étaient trop jaloux de leur séculaire et dévorant patronage sur le Portugal, pour souffrir que, sans eux, on mît la main dans les affaires de ce pays. De son côté, l’Espagne n’ignorait pas quelle force morale donnerait à son entreprise l’adhésion des Anglais, consacrée solennellement par un traité. Ce double intérêt fixa le point de départ d’une négociation diplomatique entre les deux Puissances, négociation dans laquelle fut naturellement admis l’envoyé extraordinaire de don Pédro, et qui aboutit à la rédaction d’un traité dit de la triple alliance. Il y était stipulé : 1° que don Pédro emploierait tous les moyens en son pouvoir pour forcer l’infant don Carlos à se retirer des états du Portugal ; 2° que Christine, ayant reçu de graves et justes motifs de plainte contre l’infant don Miguel, par l’appui qu’il avait accordé au prétendant à la couronne d’Espagne, ferait entrer sur le territoire portugais un corps de troupes espagnoles dont le nombre serait déterminé plus tard, lesquelles seraient entretenues entièrement aux frais de l’Espagne, et rentreraient dans