vaincu jusqu’au courage, mais non jusqu’à l’audace ; dépourvu enfin de ce degré de hardiesse qui, dans les temps d’orage, est de la clairvoyance aussi, le feu d’une imagination méridionale ne suppléait pas suffisamment chez lui à l’énergie absente des passions populaires, et la vivacité de ses sentiments ne servait qu’à colorer la trop grande modération de ses idées. C’était un de ces hommes qui ont tout juste la force nécessaire pour commencer les révolutions, qu’il est donné à d’autres, qui souvent valent moins qu’eux, de gouverner, de précipiter ou de clore.
M. Martinez de la Rosa fut désigné à Christine comme le successeur naturel de M. Zéa. Mais on ignorait sa demeure : il fallut le chercher dans tout Madrid ; et ce fut seulement au bout de deux jours qu’on put le tirer de son obscurité volontaire pour le faire monter sur une des scènes les plus agitées de l’Europe. Les Espagnols s’attendaient à l’inauguration du régime constitutionnel : le nouveau ministre ne trompa point leur attente. Sous le titre de statut royal, il publia une espèce de contrefaçon laborieuse et forcée de cette charte française qui n’était elle-même qu’une copie maladroite de la constitution britannique. Chose bizarre ! La France, dont le sol est couvert des ruines de l’aristocratie, avait emprunté les bases fondamentales de sa constitution politique à l’Angleterre, que l’aristocratie possède et pénètre ; et voilà que le même emprunt était fait à la France, où la bourgeoisie industrielle est tout, par l’Espagne, où la bourgeoisie industrielle n’est rien ! Pour condamner l’œuvre de M. Martinez de