Page:Blanc - Histoire de dix ans, tome 4.djvu/32

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

« Je crois que je vais mourir en vous disant ce qui suit mais il le faut des vexations, l’ordre de me laisser seule avec des espions, la certitude de ne sortir qu’au mois de septembre, ont pu seuls me décider à la déclaration de mon mariage secret[1]. »

Comment admettre, en effet, que la duchesse de Berri eut pris spontanément la résolution de signer un acte qui la dépouillait de son titre de régente et de sa dignité de mère, un acte qui, rendu public, abaissait la cause de la légitimité, couvrait les royalistes de confusion, et donnait pour dénoûment à une guerre civile les témérités d’un amour secret ? Marie-Caroline ne fit donc que céder, suivant les termes de la déclaration, aux « mesures ordonnées par le gouvernement. » Au reste, la résignation était impossible à sa nature ardente, et elle n’avait pas l’âme assez forte pour se sacrifier à son parti en dominant son malheur. Peut-être n’aurait-on eu besoin que de faire luire à ses yeux l’espoir de la liberté ! Toujours est-il qu’elle ne consulta, dans cette occasion, ni Mme d’Hautefort ni M. de Brissac, comme si elle eût craint qu’on ne l’empêchât de courir à sa perte.

La déclaration était du 22. Le 26, la reine en put lire le texte dans le Moniteur. Ainsi, Marie-Caroline voyait sa vie intime livrée, sous le gouvernement de ceux de ses proches qu’elle avait le plus aimés[2],

  1. Lettre citée dans la biographie des contemporains, par MM. Sarrut et Saint-Edme.
  2. Est-il besoin de rappeler ici ce mot, si connu, de la duchesse de Berri « J’ai toujours aimé ces bons d’Orléans ? »