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commissaires furent nommés, et, à l’appui des réclamations qu’ils devaient soumettre au gouvernement, on rédigea une note dont les lignes suivantes feront

    de faire entendre la moindre explication qui auroit été sincère et on ne peut plus justificative en foi de quoi nous avons signe le présent.

    Vaise le 27 avril 1834.
    ANTNE VERNE, PLANCHE, J. PÉLUGAUD. DUPEREY.
    Vu à la mairie de Vaise le 29 Avril 1834, pour légalisation des signatures cy-dessus, au nombre de quatre.
    Le Maire de Vaise, ........
    ROSSIGNOL fils, adjoint. » ....

    Les circonstances du meurtre constaté dans le certificat qui précède furent atroces jusqu’à l’invraisemblance. Quand les soldats se présentèrent chez Veyron, il leur déclara qu’il était militaire, les fit mettre à table, but et mangea avec eux. Ceux-ci n’en voulurent pas moins le conduire à leur officier, et c’est en arrivant, au moment où il dépliait

    sa feuille de congé qu’il fut mis à mort.

    Nous l’avons là, sous nos yeux, cette feuille de congé, toute tachée du sang de la victime !

    Voici, pour compléter cette lugubre série de pièces justificatives, la pétition qui fut adressée au roi par le père de l’infortuné Lauvergnat :

    « Sire, le règne de la justice est celui des grands rois ! Elu de la nation, roi des barricades ! Je demande justice au nom de mon malheureux fils, je la demande au nom de cent personnes, victimes comme lui de la plus criminelle atrocité.

    Le samedi, 12 avril, de midi à une heure, mon fils prit quelqu’argent ; il se disposait à rejoindre sa mère et mon fils aîné, qui étaient partis pour le village d’Ecally ; il est arrêté par des voisins et amis, qui lui demandent où il va il entre pour un instant chez les sieurs Véron et Nérard, rue Projetée, n° 7, où se trouvait un autre ami, le sieur Prost ces messieurs étaient avec leurs épouses. Pendant ce temps, les troupes entrent à Vaise elles sont bientôt maîtresses de toutes les issues de la commune alors les soldats du 28e de ligne du 15e léger et des sapeurs du génie enfoncent les portes, pénètrent dans les maisons non fermées.

    Mon fils, Véron et Prost, sont percés de plusieurs coups de baïonnettes ils reçoivent des coups de feu, ils expirent dans les corridors et au bas de l’escalier. Le sieur Nérard seul est sauvé comme par miracie ; au même instant une infinité d’autres personnes inoffensives périssent dans le voisinage. Le sieur Coquet, maitre serrurier, demeurant route Tarare, n° 7, est frappé de mort chez lui avec la dame Saunier c’était un vieillard de 62 ans.

    Signé Lauvergnat, fabricant de couvertures. Vaise, faubourg de Lyon, le 12 mai 1834. »