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aux larmes des habitants. Des hommes hardis étaient allés parcourir les communes voisines, y cherchant des fusils, et n’avaient pu réussir à s’en procurer, même à force d’audace. Des insurrections qui devaient éclater à Saint-Etienne, à Grenoble, à Vienne, point de nouvelles. Enfin, il n’était pas jusqu’à la modération des insurgés qui ne tournât contre eux. Si, pénétrant dans les maisons à leur merci, ils eussent exigé qu’on leur livrât des armes, on leur en eût livré : ils demandaient sans menace, et n’éprouvaient que des refus. L’insurrection, d’ailleurs, flottait au gré du hasard, la direction ayant échappé aux mains de ceux qui étaient naturellement appelés à en supporter le fardeau, et la dispersion du comité des Droits de l’Homme étant complète ; car MM. Hugon, Martin et Sylvaincourt s’étaient trouvés, dès l’origine, éloignés des divers centres d’action, et M. Baune attendait dans les cachots de l’hôtel-de-ville ce qu’il plairait à ses ennemis de décider de son sort. Quant à M. Albert séparé des siens lui aussi, et trop connu pour se montrer à Lyon impunément, il avait d’abord cherché refuge chez un de ses amis, dans la maison même que M. Chégaray habitait ; puis, déguisé en prêtre, et des pistolets sous sa robe d’emprunt, il s’était risqué dans la ville, poussé par une inquiétude hélas ! trop légitime.

Ainsi, pour éteindre l’insurrection, le soir du 10 avril, il suffisait en quelque sorte de souffler sur elle. Et cependant, chose remarquable ! l’autorité militaire mit en délibération et résolut l’évacuation de la cité. Mais l’autorité civile connaissait trop bien