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y apprit bientôt la loi contre les associations, et le peuple fut violemment rejeté dans la révolte. Une clameur terrible s’élève du sein de tous les corps d’état ; les mutuellistes se voient directement menacés, ils s’assemblent en tumulte. Une protestation est publiée par l’Écho de la Fabrique. Elle portait deux mille cinq cent quarante signatures, et se terminait par ces mots : « Les mutuellistes déclarent qu’ils ne courberont jamais la tête sous un joug aussi abrutissant ; ils déclarent que leurs réunions ne seront point suspendues. S’appuyant sur le droit le plus inviolable celui de vivre en travaillant, ils sauront résister, avec toute l’énergie qui caractérise des hommes libres, à toute tentative brutale et ne reculeront devant aucun sacrifice pour la défense d’un droit qu’aucune puissance humaine ne saurait leur ravir. »

De sen côté, le pouvoir semblait appeler sur Lyon la guerre civile. Tant qu’avait duré le chômage, aucun ouvrier n’avait été arrêté. Après la reprise des travaux, et au moment où l’on s’y attendait le moins, six mutuellistes sont emprisonnés comme chefs de la coalition. Aussitôt, à la Croix-Rousse, à Saint-Just, à Saint-Georges, on s’indigne, on s’encourage à la résistance. « Nous aussi, écrivent au procureur du roi vingt chefs d’atelier, nous aussi nous étions membres du conseil exécutif. Nous demandons à partager le sort de nos camarades. »

La loi contre les associations pesait sur les sociétés industrielles aussi bien que sur les sociétés politiques : le projet de résistance est universel. Mu-