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M. Albert se contenta d’une lettre qui portait en substance : « Abstenez-vous de toute provocation. Paris n’a pas besoin, comme Lyon, d’être contenu, il aurait plutôt besoin d’être excité. Cependant, si le pouvoir vous attaquait et vous réduisait à la nécessité de vous défendre, Paris vous soutiendrait. »

La situation morale des chefs du parti républicain se révèle tout entière dans ces détails. S’ils n’entendaient pas permettre que le gouvernement portât la main sur des libertés qu’en 1830 on avait cru pour jamais conquises, ils ne prétendaient pas non plus tirer le glaive sans nécessité et au gré de passions folles ou coupables. Et rien, du reste, ne le prouve mieux que ce qui s’était passé à Lyon pendant le voyage de M. Albert à Paris. Plusieurs républicains lyonnais, jouissant parmi leurs concitoyens d’une considération méritée, avaient été les premiers à intervenir comme médiateurs entre les fabricants et les mutuellistes. Une lettre qui invitait ces derniers, en termes nobles et pressants, à reprendre les travaux interrompus, fut signée par MM. d’Épouilty, Léon Favre, Lortet, Michel-Ange Périer… De leur côté, MM. Baune et Jules Séguin coururent d’atelier en atelier, pour y prêcher la résignation et le calme. Le conseil exécutif des mutuellistes y était déjà disposé ; mais, simple instrument de transmission, il n’avait aucun ordre à donner. Grâce aux suggestions des républicains, il passa outre, ordonna la reprise des travaux, fut obéi. Le 22 février (1834), tous les métiers battaient à Lyon comme à l’ordinaire.

Ainsi le calme était rentré dans la ville. Mais on