Page:Blanc - Histoire de dix ans, tome 4.djvu/268

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

lui fit demander une entrevue. « Si personne, dit Carrel, ne consent à vous accompagner à Lyon, moi je m’offre. Y pensez-vous, répondit M. Albert, étonné de cette proposition inattendue ? Quel accueil espérez-vous qu’on vous fasse dans notre ville ? Savez-vous bien que je n’ai pu accepter un entretien avec vous qu’en dépassant mes instructions ? – Et si j’allais à Lyon, reprit Armand Carrel, avec Godefroi-Cavaignac ! — A la bonne heure ; et veuille Dieu qu’il en soit ainsi ! »

Quelques nuages avaient passé sur l’amitié de MM. Cavaignac et Carrel. Ils se virent néanmoins ; et, comme ils étaient animés tous deux des sentiments les plus élévés, ils n’eurent pas de peine à s’entendre. Le voyage fut résolu. On désirait que M. de Lafayette en fit partie, à cause de son nom et des souvenirs qu’il avait laissés dans la population lyonnaise ; mais il était alors gravement malade. « J’éprouve, dit-il, un vif regret de ne pouvoir m’associer en personne aux dangers d’une aussi courageuse et honorable entreprise ; mais je donnerai à ces messieurs des lettres qui leur seront utiles, et je les autorise à se présenter comme mes lieutenants. »

Tout était convenu, M. Albert devait devancer ses amis, et déjà une chaise de poste l’attendait, quand tout-à-coup l’on apprit à Paris que la ville de Lyon s’était calmée et que le conseil exécutif des mutuellistes venait d’ordonner la reprise des travaux. Cette nouvelle enlevait au voyage, sinon son utilité, au moins son urgence : on y renonça, et