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ne se sentit pas assez fort pour porter le poids d’une situation semblable. Les rênes lui échappaient : il résolut de se faire appuyer directement par la capitale, et M. Albert partit.

M. Albert avait pour mission d’exposer l’état des choses au comité parisien, de prendre en quelque sorte le mot d’ordre, et de ramener à Lyon M. Godefroi-Cavaignac ou M. Guinard, que leur énergie rendait très-populaires, et que le comité lyonnais jugeait seuls capables, soit de contenir avec autorité, s’il en était besoin, ceux qui se laissaient emporter par une ardeur aveugle et sauvage, soit, si la fatalité l’emportait, de donner au mouvement une impulsion assez vigoureuse pour le pousser jusqu’au succès. On avait recommandé à M. Albert de n’aller trouver ni Armand Carrel ni Garnier-Pagès : le premier, parce qu’il ne faisait point partie de la Société des Droits de l’Homme ; le second, parce qu’il paraissait trop modéré.

Ce ne fut pas sans difficulté que le comité des Droits de l’Homme parvint, en attendant le retour de M. Albert, il dominer l’effervescence. Un jour, M. Martin apprend que plusieurs chefs de section tiennent, dans la rue Tupin, un conciliabule tumultueux ; que la prudence des chefs y est traitée hautement de trahison, et qu’on y parle de secouer leur autorité. Aussitôt M. Martin se réunit a M. Hugon, et ils se rendent en toute hâte au lieu désigné. Quarante sectionnaires environ s’y étaient donné rendez-vous, et leur fureur éclatait sur leur visage. Au milieu d’eux, un chef de section, nommé Mercet, se faisait remarquer par l’exaltation de ses discours.