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porter seul, en temps de révolution, des victoires décisives.

Ainsi, les fabricants et le pouvoir avaient également intérêt à accélérer le dénouement : les premiers, pour asseoir d’une manière définitive leur situation et venger leur orgueil humilié ; le second, pour ôter à ses ennemis le temps de faire leurs dispositions et de régler leur ordre de bataille.

Mais ce que le pouvoir et les fabricants étaient intéressés à vouloir, les mutuellistes et les républicains devaient le craindre.

Les mutuellistes n’étaient, en général, ni assez instruits, ni assez pénétrés de l’importance des formes politiques, pour appeler de leurs vœux une lutte où ils auraient eu le gouvernement pour ennemi. Que la question du salaire fut résolue en leur faveur, ils ne désiraient rien de plus.

Pour ce qui est de la Société des Droits de l’Homme, les membres dont elle était composée brûlaient de combattre, et ils ne s’en cachaient pas ; mais les plus intelligents tremblaient qu’on ne les forçât à accepter trop tôt le combat, et ils voulaient attendre, pour s’armer, d’abord que l’organisation y départementale fût achevée, et ensuite que la promulgation de la loi contre les associations vint généraliser l’attaque.

Les faits prouvèrent que telle était la situation morale des partis en présence. Les mutuellistes firent des ouvertures d’accommodement : elles furent repoussées avec un froid dédain. « Tenez bon, avait-on dit aux fabricants, il faudra bien que les ou-