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était appelé devant le jury. Lyon garde encore le souvenir des plaidoiries de M. Dupont. Tout ce que la raison a de plus élevé, la logique de plus pressant, l’ironie de plus incisif, l’éloquence du cœur de plus passionné, M. Dupont le déploya dans cette cause célèbre. Mais ce qui était au fond du débat, c’était la guerre, toujours la guerre. Acquittée par le premier verdict, la Glaneuse avait été condamnée par le second. La peine fut terrible : quinze mois d’emprisonnement et cinq mille francs d’amende ! Et comme si c’eût été trop peu d’une pareille condamnation, on l’aggrava en appliquant au condamné un règlement de prison fait pour la lie des criminels. Des gendarmes saisirent l’écrivain ; et, de brigade en brigade. il fut traîné à Clairvaux, au milieu de dix-huit cents voleurs. Et les hommes qui présidaient à l’accomplissement de telles vengeances étaient les mêmes qui avaient crié anathême à la Restauration, pour sa conduite à l’égard de MM. Magalon et Fontan !

Ainsi s’accumulaient les causes d’irritation et de révolte. Mais la désunion s’était glissée parmi les démocrates lyonnais. La Charbonnerie, à Lyon, manquait d’une organisation solide. Plusieurs Charbonniers, par une singulière ignorance de ce qui constitue la force des sociétés secrètes, se plaignaient du mystère dont les membres de la haute-vente nationale restaient enveloppés, et ils ne dissimulaient pas leur répugnance à suivre aveuglément une impulsion dont on leur dérobait avec tant de soin l’origine. Deux Lyonnais, MM. Martin et Bertholon, ayant été élus présidents de vente, on demanda au